Pourquoi la violence conjugale doit être une préoccupation pour les milieux de travail?

La violence est toujours inacceptable

 

L’auteur de comportement violent est le seul responsable de ses actes de violence. La violence conjugale est un moyen choisi pour contrôler et elle n’est pas toujours visible.

 

La violence conjugale est présente dans la plupart des milieux de travail, que ces milieux en soient conscients ou non. Elle affecte la santé des personnes victimes à différents niveaux (voir section 2.2) ainsi que le rendement et l’assiduité au travail et peut même être à l’origine d’accidents de travail. S’ajoutent également les agressions directes survenant sur les lieux de travail, qui menacent l’intégrité physique et même la vie de l’employée victime et de ses collègues de travail.

 

En effet, selon une étude pancanadienne publiée en 2014, alors qu’une personne sur trois a déclaré avoir vécu de la violence conjugale, plus de la moitié de celles-ci ont indiqué qu’au moins une forme de violence s’était produite sur leur lieu de travail ou à proximité.1 En reconnaissant à l’employeur une obligation explicite de prévenir et de mettre fin aux manifestations de la violence conjugale au travail, la société québécoise, suite à l'adoption de la loi 59 «Loi modernisant le régime de la santé et la sécurité au travail», amorce ce virage vers une approche intégrant un volet préventif à la lutte contre la violence conjugale. De plus, la reconnaissance d’une telle obligation envoie haut et fort le message qu’il est dans l’intérêt de l’ensemble de la société de mettre fin à la violence conjugale, dépassant une fois pour toutes la notion que cette violence est « une affaire privée ».2

 

Il apparait donc évident que la violence conjugale doit être une préoccupation, puisque l’employeur subit lui-même de multiples impacts de cette violence, en plus des innombrables conséquences sur les victimes et leurs enfants.

 

Offrir un milieu de travail sécuritaire à son personnel est une responsabilité à laquelle tout employeur doit s’attarder. La violence conjugale est un risque, trop longtemps occulté, qui doit être pris en compte.

 

Cette gestion des risques, que présente la violence conjugale, passe nécessairement par une attitude d’ouverture et de soutien pour les victimes. L’employeur doit mettre en place des mesures de protection adaptées (voir section 7) aux différentes situations ainsi que des mesures d’accommodements facilitant les diverses démarches effectuées par les victimes de violence conjugale.

 

L’ensemble de ce processus peut également être intégré dans une politique de travail (voir section 8) dans laquelle l’employeur prend position contre la violence conjugale et s’engage à assurer la sécurité en évaluant les risques en milieu de travail, en formant et en soutenant les membres du personnel.

 

1 Wathen, C.N., D MacGregor, J.C.D., MacQuarrie, B.J. with the Canadian Labour Congress. (2014). Peut-on être en sécurité au travail quand on ne l’est pas à la maison ? Premières conclusions d’une enquête pancanadienne sur la violence conjugale et le milieu de travail. London, ON : Centre for Research & Education on Violence Against Women and Children.
2 COX, Rachel, avec la collaboration de Marie-Eve Desmarais et de Shanie Roy. (2019). La reconnaissance d’une obligation explicite de l’employeur en matière de violence conjugale au Québec : rapport de recherche. Montréal : Service aux collectivités de l’Université du Québec à Montréal.